Cette fiche rédigée en 2008 et actualisée en 2017 par les gastroentérologues spécialistes du GETAID (Groupe d’Etude Thérapeutique des Affections Inflammatoires Digestives) a pour but de mieux faire connaître au patient son traitement et son suivi. Elle est destinée aux patients atteints de maladie inflammatoire chronique intestinale (maladie de Crohn et rectocolite hémorragique) car elle tient compte des modalités spécifiques d’utilisation des médicaments dans ces maladies. Elle constitue un complément à la fiche légale présente dans chaque lot de médicament.
Elle est actualisée régulièrement et peut être téléchargée gratuitement sur le site du GETAID (www.getaid.org).
Le méthotrexate (Méthotrexate®, Ledertrexate®, Novatrex®, Imeth®, Nordimet®, Metoject®) fait partie des immunosuppresseurs utilisés dans la maladie de Crohn. Son efficacité est bien démontrée dans la maladie de Crohn, mais n’est pas établie dans la rectocolite hémorragique. Ce médicament est habituellement réservé aux formes les plus évolutives ou de traitement difficile de ces maladies (rechutes fréquentes, poussées sévères, dépendance aux corticoïdes, lésions périnéales sévères, association aux anti-TNF et autres biothérapies). Une réponse complète (rémission sans corticoïdes) est obtenue dans 40% des cas. La réponse à ce médicament est souvent assez lente et ne convient pas pour résoudre une situation urgente.
La fiche « médicament » du méthotrexate et le dictionnaire Vidal ne signalent pas son emploi dans les maladies inflammatoires intestinales car les laboratoires pharmaceutiques les commercialisant n’ont pas souhaité faire les démarches nécessaires pour obtenir une indication spécifique dans ces maladies. Le méthotrexate est largement utilisé, à des doses comparables, dans d’autres maladies inflammatoires comme la polyarthrite rhumatoïde ou le psoriasis. Ces doses sont nettement plus faibles que celles employées dans d’autres affections comme les leucémies et ceci doit être bien compris lorsqu’on lit la fiche Vidal du médicament. En effet, un bon nombre des effets secondaires qui y sont décrits concerne uniquement les fortes doses, et ne concerne donc pas les malades recevant du méthotrexate à des doses de 15 à 25 mg/semaine pour le traitement d’une maladie de Crohn ou éventuellement d'une rectocolite hémorragique. La durée optimale du traitement n’est pas connue mais tous les spécialistes considèrent qu’elle doit être longue (plusieurs années) si le traitement est efficace et bien toléré.
Le méthotrexate se présente sous une forme injectable administrée par voie intramusculaire ou sous-cutanée (ampoules), le rythme des injections étant de une par semaine. La voie orale semble moins efficace, peut être du fait d’une mauvaise absorption et est moins souvent utilisée chez les patients atteints de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. La dose prescrite est en général d’une injection de 25 mg une fois par semaine ; elle peut par la suite être diminuée à 15 mg/semaine. En cas de prise orale, on utilise les mêmes posologies, en une prise un jour par semaine.
On y associe un traitement oral par l’acide folique entre les prises de méthotrexate, afin d’améliorer la tolérance et de compenser l’action anti-folique du Méthotrexate®.
Les contre-indications au méthotrexate sont la grossesse, l’allaitement, l'insuffisance rénale grave et l’insuffisance hépatique sévère (de discrètes perturbations du bilan hépatique ne le contre-indiquent pas).
Certains médicaments ne doivent pas être associés au Méthotrexate® comme le Bactrim® (sulfaméthoxazole-triméthoprime), phénylbutazone et acide acétyl-salicylique à dose antalgique, antipyrétique, ou anti-inflammatoire (seules sont autorisées des petites doses pour traitement antiagrégant). Certaines autres associations médicamenteuses sont déconseillées (risque accru de toxicité hématologique et rénale) : kétoprofène et autres anti-inflammatoires non stéroïdiens, pénicillines, ciprofloxacine, inhibiteurs de la pompe à protons, acitrétine et tous les médicaments néphrotoxiques.
Comme avec tous les immunodépresseurs, les vaccins vivants atténués sont contre-indiqués : fièvre jaune, rougeole, oreillons, rubéole, tuberculose (BCG), varicelle. En revanche, les vaccins inactivés, comme celui de la grippe, ne le sont pas (pour toute vaccination, consultez néanmoins votre médecin qui connaît au mieux votre cas personnel.
Pour toute information complémentaire, n’hésitez pas à consulter votre médecin.
Le tabac aggrave la maladie de Crohn et tout doit être fait pour en arrêter la consommation.
La prise régulière et scrupuleuse de tout traitement est souvent nécessaire à son efficacité. Si vous éprouvez des difficultés dans ce domaine, n’hésitez pas à en parler à votre médecin.
Déclarer les effets indésirables : Les effets indésirables liés au traitement - et même s'ils sont mentionnés dans cette fiche ou sur votre notice – doivent être déclarés à l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) directement sur le site www.ansm.sante.fr. En signalant les effets indésirables (EI), vous contribuez à fournir davantage d’informations sur la sécurité du médicament et permettez une veille permanente.